
La recherche du passage du Nord-Ouest
Pendant quatre siècles, les explorateurs cherchèrent à se frayer un chemin à travers le passage du Nord-Ouest. Nul n’y parvint avant un équipage norvégien, aidé par les locaux.
Un grand groupe d’îles se trouve au large du nord du Canada continental, l’archipel arctique canadien. C’est précisément cette zone, où sont parsemées environ 36 500 îles sur 1 700 miles nautiques, que de nombreux navigateurs et scientifiques européens tentèrent de traverser au XVe siècle, à la recherche de nouvelles routes commerciales vers l’Asie.
Confrontés à des cartes erronées et des températures hivernales pouvant descendre en dessous de -40 °C, la plupart des explorateurs durent s’avouer vaincus, frustrés par le labyrinthe de canaux du passage, envahi par les glaces la plupart de l’année. Certaines expéditions connurent une fin tragique, mais l’une d’entre elles toucha enfin à son but.
Une histoire polaire ponctuée de tentatives et de tragédies
Le premier qui risqua sa vie pour la gloire et la fortune fut Giovanni Caboto (Jean Cabot), navigateur et explorateur italien. En 1497, il se lança dans une expédition commissionnée par Henri VII, roi d’Angleterre. Au nom de la couronne britannique, il « découvrit » l’archipel arctique canadien et revendiqua ces terres au Canada. On prétend qu’il fut le premier Européen à atteindre le continent nord-américain depuis les Vikings.
Si l’expédition de Henry Hudson en 1610 s’avéra fructueuse pour la cartographie de l’archipel, elle connut une fin tragique dans la baie qui allait porter plus tard le nom de l’explorateur. Après avoir pris le contrôle de son navire, des mutins le laissèrent sur un bateau d’expédition en compagnie de son fils et des membres loyaux de son équipage. Ils disparurent et ne furent jamais retrouvés.
La recherche de l’itinéraire mythique à travers l’archipel se poursuivit pendant les siècles suivants. La cartographie de la région s’accéléra lors de la disparition d’une expédition entière, composée de 129 hommes. Ils appartenaient à l’expédition Franklin, portée disparue vers 1845. De nombreuses expéditions furent lancées pour retrouver le capitaine, Sir John Franklin, ainsi que ses deux navires et son équipage, en vain.
Loin des dettes…
Lorsque l’explorateur norvégien Roald Amundsen quitta Oslo en 1903, il ne regagna pas sa terre natale avant trois années. Il leva l’ancre criblé de dettes, mais on dit que Fridtjof Nansen, explorateur légendaire, se porta garant auprès des créanciers de son collègue.
À bord d’un petit vaisseau à faible tirant d’eau, le « Gjøa », il partit avec un petit équipage de six hommes. Parmi eux, on trouvait des scientifiques et des navigateurs expérimentés, dont un lieutenant de la marine et un chef polaire qui avait participé à la deuxième expédition du Fram avec Nansen, entre 1898 et 1902. Leur mission consistait, entre autres, à mesurer la position du pôle Nord magnétique de l’époque.
Amundsen avait étudié les notes et comptes-rendus des expéditions précédentes. Selon les enquêtes du Dr John Rae, menées quelques décennies plus tôt, on savait alors que le seul itinéraire navigable envisageable impliquait de rester le plus au sud possible, afin d’éviter les glaces de mer. L’objectif d’Amundsen était donc d’être le premier à parvenir à traverser ce passage.
Des techniques de survie locales
Comme les expéditions qui l’ont précédé, l’équipage d’Amundsen frôla la catastrophe à de multiples reprises. Ils firent face à un climat extrême, affrontèrent un incendie dans la salle des machines et faillirent être broyés lorsque le navire heurta des récifs sous-marins. Mais ils furent sauvés par leur excellente maîtrise de la navigation. Ils parvinrent à dépasser l’île de Baffin, empruntèrent le détroit de Lancaster, puis passèrent au sud de l’île du Roi Guillaume, où ils passèrent deux hivers, dans le lieu aujourd’hui appelé Gjøa Haven.
Le peuple local des Inuits de Netsilik offrit alors son aide aux explorateurs en détresse. Leurs connaissances des techniques de survie dans le climat arctique s’avérèrent cruciales pour Amundsen et ses hommes. Ils leur fournirent des vêtements en peaux de bêtes et enseignèrent à Amundsen à construire des igloos. Le peuple inuit de Netsilik fit forte impression sur Amundsen, qu’ils influencèrent profondément. Il écrivit par la suite que ses hommes et lui n’avaient aucune difficulté à travailler par des températures pouvant chuter jusqu’à -53 °C grâce aux vêtements de la population locale.
Un retour glorieux
La traversée du passage du Nord-Ouest d’Amundsen s’acheva lorsqu’il atteignit l’île Herschel en 1906. Il skia alors sur 800 km, jusqu’à Eagle, en Alaska, pour raconter sa prouesse au monde, avant de regagner à ski l’île Herschel, où l’attendait son navire. En 1906, l’expédition retourna à Oslo. Amundsen et son équipage savourèrent l’exploit d’être les premiers hommes à avoir traversé le passage du Nord-Ouest avec un seul et même navire. Amundsen fut alors également en mesure de payer ses créanciers.
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