
Un bref historique du Svalbard
Véritable joyau des îles du Haut-Arctique norvégien, l’archipel du Svalbard est un lieu unique, teinté d’une riche histoire, qui attire les explorateurs du monde entier depuis la fin du XVIe siècle.
Appellation et découverte
Le nom « Svalbarði funnin » a été mentionné pour la première fois dans des annales islandaises remontant à 1194. Svalbarði peut se traduire par « côtes froides », tandis que funnin signifie « trouvé », Svalbarði funnin signifie donc tout simplement « des côtes froides qui ont été trouvées ». Il n’est pas certain que le Svalbard auquel font référence ces textes est celui que nous connaissons aujourd’hui, mais le nom fut tout de même adopté.
Bien que l’on suppose que les Norsemen ou les Pomors ont découvert le Svalbard plus tôt, l’archipel fut officiellement découvert en 1596 par Willem Barentsz, un explorateur néerlandais expérimenté qui donna également son nom à la mer de Barents voisine.
Il nomma la région dotée de sommets escarpés du nord-ouest « Spitsbergen », en français « Spitzberg », qui signifie littéralement « montagnes pointues » en néerlandais. C’est aujourd’hui le nom de la plus grande île de l’archipel du Svalbard. Il découvrit également l’île la plus méridionale de l’archipel, qui fut nommée plus tard Bjørnøya.
La ruée vers l’huile de baleine
En 1607, lorsque l’Anglais Henry Hudson annonça que les eaux qui baignent l’archipel du Svalbard regorgeaient de baleines boréales, les baleiniers affluèrent vers ces îles, en quête de la lucrative huile de baleine. Chasseurs de baleine et navigateurs venus des Pays-Bas, d’Angleterre, d’Espagne, de France, d’Allemagne et du Danemark vidèrent presque la mer de sa population de baleines au cours du XVIIe siècle.
À l’époque, l’archipel du Svalbard et ses environs étaient classés « terra nullius », ce qui signifie que ces territoires étaient considérés comme des zones neutres, qui n’appartenaient à aucune juridiction ou à aucun pays, où chacun était libre de ses mouvements. Cela n’empêcha pas les deux principales nations baleinières, les Néerlandais et les Anglais, de se répartir les eaux fréquentées par les baleines. Il fut convenu que les Anglais chasseraient au sud du Magdalenefjorden, la baie de la Madeleine, tandis que les Néerlandais chasseraient dans la région nord-ouest du Spitzberg. Les autres pays furent contraints de conclure des accords séparés avec les deux pays, à leur grand dam.
Les premiers colons
Les Pomors, un groupe ethnique russe arrivé depuis les rivages de la mer Blanche, se rendit au Spitzberg pour chasser les animaux sauvages qui prospéraient dans le climat arctique : rennes, renards arctiques, phoques, morses et même des ours polaires. On ne sait pas exactement lorsqu’ils ont commencé à se rendre au Spitzberg, mais contrairement aux baleiniers, les Pomors avaient recours à des pratiques de chasse durables qui ne faisaient pas chuter les populations d’animaux sauvages.
Ils commencèrent à installer de petites cabanes de trappeur le long du littoral du Spitzberg à partir de la moitié du XVIIe siècle. Certaines de ces cabanes de trappeur étaient très élaborées, composées de pièces de vie, de stockage et même d’un sauna ! Nous connaissons environ 71 cabanes de trappeur au Spitzberg, et la plupart d’entre elles semblaient équipées pour fonctionner toute l’année.
L’activité des Pomors au Spitzberg continua de se développer jusqu’au XVIIIe siècle, période à laquelle on estime que 100 à 150 Pomors hivernaient sur l’archipel glacé, le premier peuple à s’y risquer. Ils érigèrent de nombreuses grandes croix de bois le long du littoral du Spitzberg, censées les protéger des puissances supérieures et porter chance aux chasseurs et trappeurs, mais aussi pour marquer leur territoire. Deux de ces croix russes orthodoxes subsistent aujourd’hui à Nordaustlandet.
Les premières expéditions
Pendant les XVIIIe et XIXe siècles, le Spitzberg fut le lieu de prédilection d’explorations à petite et grande échelle, mais aussi d’expériences scientifiques. Ces explorateurs scientifiques comptent notamment Baltazar Mathias Keilhau, Adolf Erik Nordenskiöld et Martin Conway.
Conway fut le premier à produire une carte de l’intérieur du Spitzberg, tandis que Keilhau fut le premier à mener des expéditions intérieures et publia plusieurs articles importants sur l’Arctique. Nordenskiöld dédia une grande partie de ses recherches à l’archipel dans son ensemble. Mais ces derniers ne représentent qu’une partie infime des nombreux scientifiques et explorateurs qui se passionnèrent pour les étendues glacées du Spitzberg.
Les mines de charbon
À partir du XIXe siècle, les Norvégiens sont devenus plus présents au Spitzberg. Ils installèrent également des cabanes de trappeur et commencèrent à passer l’hiver dans la région. Cette activité se réorienta en 1906, lors de la fondation de la communauté de Longyearbyen, pour les besoins liés à l’extraction du charbon dans la région. Dans les années 1920, des mines de charbon permanentes avaient été établies dans plusieurs régions du Spitzberg.
Le Traité du Spitzberg entra pleinement en vigueur en 1925, octroyant à la Norvège la souveraineté de l’archipel, tout en interdisant toute activité à des fins militaires. Dans les années 1930, toutes les communautés présentes étaient soit norvégiennes, soit soviétiques. Depuis la chute de l’URSS dans les années 1990, la population russe de l’archipel a connu un déclin considérable.
L’arrivée d’une nouvelle industrie
Aujourd’hui, le tourisme est l’une des sources de revenus les plus importantes du Spitzberg, en particulier pour la principale communauté de Longyearbyen. Hurtigruten est d’ailleurs à l’origine de cette vague touristique.
Le fondateur de Hurtigruten, Richard With, établit un itinéraire baptisé « Sportsman’s Route » en 1896, de Hammerfest, en Norvège continentale, jusqu’au Spitzberg. Outre ce nouvel itinéraire, qui connut rapidement un grand succès auprès des voyageurs, il transporta également un hôtel préfabriqué au Spitzberg, près de Longyearbyen, sur un site encore appelé aujourd’hui « Hotellneset » (le point de l’hôtel). Plusieurs nouveaux hôtels suivirent ce premier établissement, faisant du Spitzberg une destination prisée par les aventuriers désireux d’explorer le Haut-Arctique.
Lors de votre croisière au Spitzberg en notre compagnie, vous aurez l’opportunité de voyager sur les traces des courageux explorateurs qui contribuèrent à faire de l’archipel arctique ce qu’il est aujourd’hui. Ne manquez pas la visite du musée du Svalbard ou du musée des expéditions polaires !